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je-double
28 novembre 2010

La retrouvée

Quand elle le vit se précipiter sur elle, elle eut un moment de recul, voulut l’éviter, mais il s’accrocha à son bras et la retint, haletant…
- Ne pars pas, ne pars pas, tu ne te souviens pas de moi ?
Elle essaya de lui dire qu’elle ne le connaissait pas – ce qui était vrai – qu’elle n’habitait pas à Rouen – ce qui était vrai – qu’elle n’avait pas fait d’études de droit – ce qui était vrai - et qu’elle ne s’appelait pas Marie – ce qui était faux. Peut-être flaira-t-il le mensonge parce qu’il lui dit très haut, presque exalté
- Jure-moi que tu ne t’appelles pas Marie !
Cela lui était difficile de jurer que son prénom n’était pas le sien, aussi tenta-t-elle d’éluder la demande, mais il ne lâcha pas prise. Il voulut l’inviter au café pour parler d’elle, d’eux, de ce qu’ils avaient vécu pendant ces 15 ans où ils avaient été séparés. Elle lui répondait qu’il se trompait, qu’elle n’était pas celle qu’il croyait, mais rien n’y fit. De guerre lasse, elle l’accompagna et ils se retrouvèrent face à face au café de la Gare, à une table  non loin d’une fenêtre. Profitant d’un moment d’inattention de sa part il emprisonna sa main droite qui était restée posée sur la table et il commença une déclaration enflammée à laquelle elle dut couper court.
- Je ne suis pas celle que vous croyez, tout ceci est ridicule ! Je suis une autre, je ne vais pas faire semblant d’être quelqu’un d’autre pour vous faire plaisir. Et si vous me montriez la photo de cette Marie dont vous me parlez depuis tout à  l’heure !
Il prit son portefeuille, sembla trier quelques papiers, puis sortit triomphalement une photo qu’il plaça devant elle
- Voilà. Maintenant tu ne peux pas me dire que ce n’est pas toi !
Elle se saisit de la photo, la regarda attentivement et il lui fallut se rendre à l’évidence : c’était elle, 15 ans plus tôt, devant la gare, habillée d’un pantalon blanc et d’un pull-over noir. Elle ne se souvenait ni de la photo, ni de celui qui l’avait prise, mais c’était bien elle et elle souriait radieuse à celui qui la photographiait. Elle regarda l’homme avec plus attention,  où avait-il bien pu se procurer cette photo ?
- Alors ? Demanda-t-il ?
- Je ne sais pas quoi vous dire !
- C’est toi oui ou non ?
- Je ne sais pas, fut la seule chose qu’elle put dire.
- Ne me dis pas que ce n’est pas toi !
- Oui, c’est moi et ce n’est pas moi ! Concéda-t-elle.
Elle regarda à nouveau la photo, puis l’homme et …  peut-être que…elle le fixa à nouveau, et elle n’eut plus aucun doute, c’était lui.

03_11_10

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Commentaires
P
Quand la mémoire nous joue des tours ! Tu nous laisses sur notre faim et tous les possibles s ouvrent à nous!!! Qui est cet homme??? Photo qui illustre à merveille la nouvelle avec des dédoublements de personnages.... Génial
M
@ Amandina: La cave Valperga se trouvait à 2 pas de chez moi : devenue un restau litairaire. Travaillant en restau à l'époque de la "cave" je n'avais pas le temps de "connaître" mais beaucoup entendu parler. j'ai quant-même travaillé avec un brave "Félix" ??
G
amandina : euh, non.<br /> <br /> caro : "... sous le pont de nos bras passe, l'onde si lasse." Tout s'envole, certains veulent retenir, d'autres non, c'est sans doute ça le drame.
C
à pagenas: j'aime le vide de votre illsutration comme ce grand blanc qui se repeuple<br /> <br /> à gballand: étrange non l'intensité de certaines de nos émotions et comme elles s'envolent brusquement.
A
as-tu connu les caves valperga, avec félix aux drums ?
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