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je-double
20 juillet 2009

L'homme au visage brûlé

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Ce n’était pas la première fois qu’elle  voyait l’homme au visage brûlé mais là, elle avait failli pleurer. Il était accompagné d’une jeune femme, il souriait, et elle avait bien vu qu’il l’évitait. Mais ce n’était pas tout,  il avait  mis un pull vert qui donnait une autre couleur à son âme.
Hier, des policiers lui avaient rendu visite, ils voulaient qu’elle leur décrive  la femme, mais à quoi cela aurait-il servi ? Elle leur avait juste dit qu’elle était belle, très belle, et que ses cheveux avaient la couleur des blés brunis par le soleil.
Sa première rencontre avec l’homme au visage brûlé avait eu lieu trois mois plus tôt, chez l’épicier qui faisait l’angle de la rue. Il l’avait fixé de ses yeux noirs, enfoncés dans les orbites, et elle avait vite baissé les siens. Elle le rencontrait presque chaque matin, à croire qu’il l’attendait. Le soir, quand elle se couchait, elle avait pris l’habitude de penser à lui. C’est parce que la vie sans lui était un morne désert que tout était arrivé, mais aurait-elle la force de le dire aux policiers ? Et si jamais elle s’effondrait, si elle versait des torrents de larmes comme le jour de la mort de son père.
Petit à petit entre elle et  l’homme au visage brûlé, l’amour s’était glissé, mais comment aurait-il pu comprendre que cette jeune femme brune et triste qu’il voyait chaque matin l’aimait d’une si étrange façon ?
Elle s’était attachée aux cicatrices qui cadenassaient son âme et à  ce manteau de solitude jeté sur ses épaules. Parfois ils allaient ensemble s’asseoir à la terrasse du café de Paris et il l’écoutait parler sans jamais l’interrompre. Elle ne savait rien de lui si ce n’est l’accident de voiture et les flammes qui lui avaient brûlé le visage. Il vivait loin du monde, elle aussi, il ne semblait pas avoir d’amis, elle non plus, cela seul avait de l’importance.
Elle lui disait tout, ou presque, et lui se contentait de hocher la tête, mélancolique, en grimaçant un sourire que les cicatrices rendaient douloureux. Il l’écoutait si bien et avec une telle patience que ce jour-là, quand elle l’avait vu avec la femme aux cheveux blonds, elle avait ressenti une morsure dont le venin avait pénétré son âme. Lui pardonnerait-il un jour ?
Demain elle irait au poste de police et elle avouerait que c’est elle qui l’a tué.

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Commentaires
Y
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G
Amiguité, certes. Parfois on tue aussi ceux qu'on aime...
F
Oui comme Danalyla, je n'ai pourtant pas loupé le début, mais la dernière phrase me semblait aussi ambigüe, en même temps, il y a aussi une telle brutalité dans cette chute, pourquoi pas ? <br /> Quoiqu'il advienne, (de cette fin qu'on relit plusieurs fois) l'association montage-texte fonctionne à merveille.
P
GBalland : bien des textes de vous m'inspirent également des "collages" effectués en 10 minutes... Réciprocité donc... Et, pour ne rien gâcher : ça nous fait un comm de plus !!! :DDD<br /> <br /> Danalyia : j'aime bien aussi :D
D
J'aime bien ce montage, surtout le personnage en creux, entouré d'un matériau qui me semble en fusion ; et aussi les flammes qui traversent sa tête...
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