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je-double
2 mai 2010

La boîte à suicides

J’ai au moins douze plans pour me suicider*. Vous ne me croyez pas ? Vous avez tort. Pour l’instant je n’en ai parlé à personne. Pour une raison simple : il suffit que vous parliez de votre suicide pour que tout le monde vous rabache que la vie vaut la peine d’être vécue. Faux culs ! La vie ne vaut la peine de rien du tout et ils le savent bien, c’est pour ça qu’ils clament le contraire.
Dans ma vie, la seule chose qui vaille la peine c’est ma boîte à suicides. Chaque plan-suicide est rangé sagement dans une enveloppe bleue et j’ai entouré chaque enveloppe d’un ruban de couleur différente. Pour moi, le suicide, c’est comme un cadeau que vous vous faites à vous même ; et peut-être aux autres, qui sait ? Ces douze enveloppes, je les ai placées dans une boîte rouge et noire que ma mère m’avait donnée. Cette boîte, je l’appelle  ma trousse de survie. Si je ne l’avais pas il y a longtemps que je serais mort.
Le jour où j’ai trouvé mon douzième plan-suicide je n’en croyais pas mes yeux, j’étais arrivé à la perfection. Je préfère ne rien dire de ce plan, par précaution. Les pilleurs courent la toile, vous le savez comme moi, et personne ne me dépossèdera de mon suicide, jamais, aussi longtemps que je vivrai.
Je peux juste vous dire une chose, bientôt je passerai à l’acte car je suis arrivé au summum de mon art. Il me reste simplement à fixer le jour et à parfaire la mise en scène.
Je ne sais pas qui me trouvera. Ce ne seront pas mes enfants, je n’en ai pas ; ni ma femme, je vis seul ; ni ma mère, elle est morte ; ni mon père, il ne m’a jamais reconnu ; ni mes amis, je ne m’en connais aucun ; ni mes collègues de travail, je suis au chômage. Peu importe, mais celui ou celle qui me trouvera ne m’oubliera jamais, j’en suis sûr ; et c’est pour moi une bénédiction.

* phrase de Benjamin Vautier

04_04_10__3_

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Commentaires
G
Un peu noir, j'en conviens. Celui-là chantonne peut-être l'air de Souchon " La vie ne vaut rien, rien, rien, la vie ne vaut rien", quand il a le moral...
C
Oui vous avez raison ce qui est terrifiant est que c'est une réalité!
P
Caro : de l'humour certes, mais (et ce n'est aucunement un "mais" négatif) le dernier paragraphe est si triste...
C
Comment sans y touchez vous arriver à saisir ce besoin de perdurer qui nous taraude et qui si on réfléchit à tête reposée est bien vain. Bon il y a une touche d'humour ce qui ne gâte pas ce merveilleux dimanche!
C
Il ya a unedouceur dans le texte (pourtant bien noir) que vous avez su retranscrire, m'étonnez que vous prisiez bobin
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