Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
je-double
4 avril 2010

Le sang

« Quand une étoile saigne, il y a du souci à se faire », c’est ce qu’il lui avait dit, l’air de rien, et à force de mettre le doigt là où ça saignait, il en avait fait une écorchée vive. Pourquoi prenait-il plaisir à la faire souffrir et pourquoi l’acceptait-elle ? Où l’avait-il connue pour se permettre ainsi des prédictions qui défiaient la vie ?
Elle l’avait souvent questionné mais il avait toujours soigneusement évité les réponses ; il ne répondait que par phrases prophétiques qui la renvoyaient à son mystère. Un jour elle saurait.
Un beau matin, alors qu’il se rasait dans la salle de bain, elle lui avait posé une question plus pressante. Il l’avait regardée dans le miroir, le rasoir suspendu, et il avait fait un geste qu’elle n’aurait jamais imaginé possible. Une goutte de sang avait alors perlé de son doigt, puis une autre et encore une autre. Il les avait calmement recueillies dans la paume de sa main et quand il avait jugé la quantité suffisante, il avait trempé son index droit dans le sang et avait écrit sur le miroir, en lettres majuscules : « DANGER ! » ; et son visage s’était fermé au fur et à mesure qu’il traçait les lettres sur le miroir.
Elle avait alors compris que cet homme, qu’elle avait un jour pris pour un ange, pouvait être le diable.
Un jour, sans doute la tuerait-il pour ne pas avoir à se tuer lui-même…

21_02_10

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Une perspective sans tain. Quel est le bon côté du miroir pas Bic ?
D
On peut se mirer dans la lame d'un rasoir (pas un Bic) : les gouttes de sang s'y retrouvent à l'envers et passent de l'autre côté.<br /> <br /> Jolie perspective sanglante...
P
Freud is dead ! Vive Freud ! (qui pourrait avec délices s'atteler aussi à votre texte... :D)
G
Oui, vous avez raison, cette femme n'est qu'un masque, un personnage de théâtre qui répète une histoire qu'elle connaît trop bien et qui va la conduire à la mort. La partie inférieur de votre photomontage, figée de deuil, fait froid dans le dos. Au secours docteur Freud... !
Publicité