Phobie
J’ai la phobie de mon mari, je passe ma journée à l’éviter ! S’il est dans la salle de bain, je vais dans la cuisine, s’il est dans la cuisine, je vais dans le salon. Il a sa chambre, j'ai la mienne. Il part en vacances en juillet, je pars en août. Le simple contact de sa peau provoque chez moi des allergies monstrueuses. La dernière fois qu’il m’a frôlée, mon corps s’est couvert de pustules qui ne sont parties qu’au prix d’un traitement de cheval. Le médecin m’a dit qu’il n’avait jamais vu ça de toute sa carrière.
Je sais, je pourrais me soigner, prendre un amant, déménager, partir loin, mais je préfère souffrir ; mon éducation sans doute. Je suis croyante, profondément, et je fais partie de ces gens qui pensent que chacun a une croix à porter. Je dois être une pénitente de la vie.
Je n'ai pas toujours été phobique et il y a même eu un temps où j’aimais sincèrement mon mari. A vrai dire, je suis devenue phobique le jour où il m’a appris qu’il me trompait en précisant - et il croyait bien faire - que ça ne retirait rien à ses sentiments pour moi ; mon mari a toujours été très droit. J’ai essayé de prendre les choses avec légèreté. Après tout, de nos jours ne nous trompons-nous pas tous les uns les autres ? J’ai juste commis l’erreur de lui demander avec qui il me trompait. Sa réponse est tombée comme un couperet ; je suis sûre que ma phobie vient de là.
Il aurait pu me tromper avec sa secrétaire, ma meilleure amie, une toute jeune femme de l’âge de notre fille, une voisine… que sais-je ? Non, il me trompe avec mon frère !