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je-double
10 décembre 2009

Mélancolie

04_11_09

Bientôt la mer aura gagné mon âme et je me réconcilierai avec le pays de mon enfance. Il est là, tout près et je peux presque toucher le buste de celle que je n’ai jamais reconnue. Elle avait la taille  trop fine et les cheveux trop sombres pour que je l’aime comme une sœur. Quand enfants nous ramions dans la barque qui nous emmenait  vers les prés ou broutaient les taureaux nageurs, j’aurais mille fois voulu la faire disparaître. Il aurait juste fallu que je la pousse. Je ne l’ai jamais fait, par peur. Si nous courions toutes deux dans les prés, j’agitais mon chiffon rouge pour que les taureaux viennent la piétiner, mais ils ne daignaient même pas bouger ; les lâches !
Depuis, le temps a passé. Les nuages sont lourds et je me promène sur les berges de mon enfance en attendant la pluie qui viendra éventrer le ciel pour laver mes souvenirs. Elle, elle a disparu. Je vois encore  ses longs cheveux noirs, bien trop épais pour être démêlés par les peignes qui me coiffaient. A elle, il lui fallait toujours autre chose, rien ne lui convenait. Elle était la nuit qui étrangle le jour. Personne n’a jamais su où elle a disparu et pourquoi : c’est notre secret.
Elle est dans cette tache bleu ciel qui pointe à l’horizon. Ma mère l’habillait toujours de bleu et le jour où je l’ai étouffée, dans un accès de rage, elle portait cette jolie robe azur que notre mère lui avait achetée, juste pour elle, elle portait si bien le bleu…

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Commentaires
P
Ou "l'art de ne pas se faire des ennemis"...... Moi je m'en fous :D
G
j'ai vraiment changé ce matin mais sur mon disque dur : j'ai replacé la fin dans le deuxième paragraphe, remplacé "je l'ai étouffée" par "j'ai voulu l'étouffer" et j'ai terminé comme cela m'était suggéré ci-dessus, et c'est bien mieux. Merci à Lika pour son coup d'oeil.
P
GBalland : j'aime bien votre réaction, quelle tolérance ! :D J'en serai bien incapable si l'on me disait par exemple que le carré bleu est trop grand :DDD Se permettre de corriger votre texte et Duras.... Pfff...
G
Vous avez raison de marquer là un point d'arrêt, l'argument que vous me donnez m'a convaincue. Je vais suivre votre conseil.<br /> Le lecteur peut prendre de grandes libertés, quel bonheur...
L
Je me serais arrêtée à "c'est notre secret" si j'avais écrit ce texte. Cela serait resté énigmatique. Et j'aurais essayé de glisser le joli passage de la robe azur dans un autre coin. (Quel culot, hein, cette Lika !) <br /> - Monsieur le juge, implore mon avocat, ne soyez pas trop sévère pour Lika , c'est une manie chez elle. Par exemple, dans L'Amant, de notre grande Marguerite Duras, elle s'est permis de barrer les deux premiers paragraphes, et de faire commencer le roman ainsi : "Très vite dans ma vie il a été trop tard. A dix-huit ans il était déjà trop tard."
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