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je-double
25 janvier 2010

Interdit de mourir

Quand elle avait lu l’écriteau – "interdit de mourir" -  à l’entrée du chantier, elle s’était demandée qui avait bien pu placer ça là. Elle décida de braver l'interdit et continua de marcher vers les monticules de terre où les pelleteuses étaient arrêtées. Soudain elle entendit une voix d'homme qui criait :
- Si vous avez décidé de mourir c'est pas la peine d'avancer !
Elle cria d'une voix qu'elle n'aurait jamais imaginé pouvoir être aussi forte :
- Mêlez-vous de ce qui vous regarde !
Un type, coiffé d'un casque, sortit d'une cabane et se dirigea droit vers elle :
- J'ai bien remarqué votre manège depuis quatre jours.
- Et alors, en quoi ça vous regarde ?
Il s'arrêta à deux pas d'elle, il pouvait presque entendre sa respiration. Ses yeux s'attardèrent sur le visage boudeur de la jeune fille encadré de longs cheveux châtains. Ses yeux tristes le touchèrent mais il était déterminé à ne pas céder.
- Interdit de mourir ! Répéta-t-il. C'est moi qui ai mis le panneau ce matin.
- Si vous m'interdisez de mourir ici, eh bien j'irai mourir ailleurs, fit-elle l'air têtue.
Qu'aurait-il pu lui dire pour la faire changer d'avis ? Le temps lui manquait. Il n'avait jamais eu d'enfants qui un jour avaient frotté leur désespoir à sa rude peau d'adulte.
Il conclut pourtant :
- Je n'ai jamais donné de conseils à personne, je sais pas. Je  vais pas vous dire que la vie est belle, vous la trouvez moche et ingrate; je vais pas vous dire que vous êtes une belle jeune fille, à quoi ça sert que les autres vous trouvent belle si vous vous aimez pas ; je vais pas vous dire que vos parents vont se faire un sang d'encre, vous en avez rien à faire du souci que les autres se font pour vous ; je vais pas vous dire que moi aussi j'ai voulu mourir à votre âge, vous vous en foutez sans doute aussi…
Elle l'interrompit immédiatement :
- Si, dites-moi !
Il lui sourit timidement. Il avait du café et de la brioche dans sa cabane, ça lui ferait plaisir qu'elle les partage avec lui, il lui dirait  pourquoi il avait voulu mourir et peut-être qu'après…

25_12_09__2_

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Commentaires
G
C'est ce que je me dis souvent. Mais il est plus facile de l'écrire que de le vivre...
M
Ils vont papoter et se réconforter autour de ce café et croissant pour peu que ce dernier soit encore chaud... Si fait qu'elle n'aura plus envie de mourrir.<br /> Le bonheur, c'est parfois un presque rien.
G
eh bien il existe juste dans mon imagination et parfois je suis obligée de mettre un casque de chantier pour m'y rendre...
A
Il est où ce chantier?
P
... à l'instar du texte...
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