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je-double
8 octobre 2009

Le jour où je suis morte

Le jour où je suis morte, je n’étais pas au meilleur de ma forme. Il faut dire que j’avais passé la semaine à chercher une solution à un problème insoluble. Je n’avais pas eu le temps de m’apprêter ; vous savez ces tenues qu’on met pour les grandes occasions… J’étais habillée normalement, un jean et un pull mauve. Je l’aime bien ce pull, mais pour l’utilisation que j’en ai maintenant, j’aurais mieux fait de le donner. Vous voudriez savoir quel était mon problème ce jour-là ? Vu d’ici, rien de grave : je l’aimais, il ne m’aimait pas, il voulait me quitter, je ne voulais pas, c’était sans solution, à part le tuer pour l’empêcher de partir. L’ironie de la vie : on veut tuer et on nous tue.
Avant de mourir, le jour de ma mort, j’avais déjà fait trois tentatives de suicides,  toutes ratées. Pourtant j’y avais mis beaucoup de moi-même. J’aurais nettement préféré mourir ces trois fois-là parce que le jour où je suis morte, je ne voulais justement pas mourir. C’est vrai que tout allait mal,  mais je ne voulais plus mourir. J’avais enfin compris quelque chose. Et c’est bien sûr le jour où l’on ne veut pas que les choses arrivent qu’elles arrivent.
C’était un samedi, et le samedi c’est un jour que j’aime, un jour qui fleure bon la liberté conditionnelle. Une parenthèse qui se referme le dimanche soir mais c’est toujours ça de pris. Ce week-end-là j’allais chez une amie. J’avais pleuré presque toute la semaine à cause de Jean qui voulait me quitter, mais mon week-end commençait bien. Mon amie Christine, qui a une maison à la campagne, m’avait proposé de rencontrer un homme « bien », comme elle disait pour me remonter le moral. C’est vrai qu’il était bien, pas sous tous  rapports, mais pour ce que j’en avais à faire, il me suffisait.
Quand je suis arrivée chez Christine, c’est lui qui m’attendait. Elle, n’était pas là. Elle l’avait prévenu qu’elle n’arriverait que le dimanche midi et que la maison était à nous. Je ne m’attendais pas à cette surprise. Comment était-il ? Eh bien grand, beau, rien dans le cerveau, et une seule préoccupation : vous devinez laquelle… Ça m’arrangeait. Nous avons très vite fait connaissance. Le soir nous avons allumé un feu de bois. Il était un peu étrange, mais je n’y ai pas fait attention, il savait le faire oublier par d’autres petits détails attachants. Tout se passait bien, très bien même, jusqu’au moment où il m’a appelé à la cuisine pour l’aider.
Il était 20 heures, le moment du journal télévisé. J’aurais mieux fait d’allumer la télé et de rester au salon. Quand je suis entrée dans la cuisine, il n’y avait personne, il était caché derrière la porte et il m’a fait une de ces peurs en me mettant ses mains sur mes yeux ; tout était noir. Pour se faire pardonner, il m’a embrassée longuement, de façon étrange, mais je n’y ai pas fait attention. Ensuite il s’est déshabillé avant de passer le poulet au four, c’était plutôt inattendu, mais ça ne m’a pas choquée, au contraire. A ce moment là, Jean, mon ex, m’était complètement sorti de la tête. Et c’est là que tout a sauté : BOUM ! ! ! Le gaz… J’avais bien senti une odeur étrange mais je n’y avais pas fait attention. Maintenant je me souviens que l’après-midi, il m’avait dit qu’il avait déjà fait deux tentatives de suicide, j’aurais dû y faire attention. Celle-là fut la bonne, en tout cas pour moi, lui je ne sais pas… C’est dommage, parce que je venais juste de comprendre que la mort ne pouvait rien résoudre.

10_09_09

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Commentaires
G
Votre commentaire m'a fait sourire. Tout saute avant d'être "sautée", alors... (jeu de mots grivois, j'en conviens)
L
j espére que la maison n était pas trop abimée, apres tout, Christine leur avait prété sa résidence secondaire pour faire des galipettes, pas pour l endomager.<br /> Bonne soirée Latil
G
Non, pas encore !!! Je préfère encore n'écrire que trois mots. Vous me donnez une idée, sur votre prochain collage, je n'écrirai qu'une phrase, mais quelle phrase !
P
Bon, on se suicide quand ? :D A mon avis quand il y a plus de trois mots à lire ça fait trop plein beaucoup pour les blogueurs de base... Peut-être une épitaphe la fois prochaine ? :DDD
P
Alalalala ! Il ne pouvait pas se tuer tout seul cet abruti ! Impardonnable !
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