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je-double
23 janvier 2011

Le passage

Dès que j’ai  vu les crocs de la terre*,  je suis montée à l’échelle. Une simple échelle  dont les barreaux se dépliaient au fur et à mesure que je grimpais vers le ciel. Lui, là-haut, m’encourageait de la voix.
Je ne le connaissais pas : c’était notre première rencontre. A un moment j’ai perdu l’équilibre, c’est lui qui a  redressé l’échelle en m’insufflant le courage qui aurait pu me manquer.
Une fois en haut, j’ai mis pied sur le premier nuage venu. Il n’y avait personne à l’horizon. Moi qui pensais le voir aussitôt, j’étais déçue. Soudain j’ai entendu une mélodie, une Gnossienne de  Satie m’a-t-il semblé. Guidée par la musique, j’ai fait quelques pas dans la blancheur cotonneuse. J’ai vu un grand piano noir devant lequel était assis un homme, les cheveux ceints d’une couronne végétale. Il jouait divinement. Je savais que c’était lui.
- Aimez-vous Satie ? m’a-t-il dit tranquillement en me regardant.
- Oui, ai-je répondu sans hésiter.
Son visage était douceur et beauté.  Il s’est levé,  m’a tendu la main et j’ai mis la mienne dans la sienne sans hésiter.
- Voulez-vous ? m’a-t-il dit.
- Je veux,  a été ma seule réponse et il m’a déshabillée de ses mains blanches.
Jamais union ne fut aussi parfaite ; était-ce St Pierre ? L’un des apôtres ? Un saint que je ne connais pas ? Je n’en sais rien et je ne le saurai jamais, telle est la règle ici.
Aujourd’hui, c’est moi qui suis assise au piano noir et je joue la Gnossienne numéro 3 de Satie. J’attends le premier homme qui arrivera au ciel après avoir vu les crocs de la terre. S’il dit « Je veux », je le déshabillerai de mes mains blanches et nous nous unirons dans une communion parfaite. Ce n’est qu’ensuite qu’il glissera vers les eaux du Levant …

04_01_11

* l’expression « j’ai vu les crocs de la terre » était à glisser dans le texte créé. La consigne fut donnée par l’atelier des « impromptus littéraires ».

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Commentaires
G
lautreje : pas sage, pas mal ! merci du passage.<br /> <br /> Pastelle : merci de ton commentaire<br /> <br /> Sylvaine : merci pour Satie, je l'écoute ne commentant.<br /> <br /> D. Hasselmann : oui, peut-être. Satie était un "personnage". J'avais envie de lire sa correspondance, car cet homme était un peu misanthrope mais il avait de l'humour.
D
Je repense souvent à la maison de Satie qui se trouve à Montmartre et quand je vois les pavés - qui n'ont pas été effacés par le bitume - je me dis qu'il a posé ses pieds par là.<br /> <br /> Peut-être avait-il une échelle pour rentrer nuitamment chez lui ? Les touches de son piano en étaient alors les barreaux amicaux.
P
http://www.youtube.com/watch?v=Oso_nJQVT4c
S
J'aime Satie...avec ou sans collage. Attention il y a tout le Disque dont les gnossiennes !<br /> http://bit.ly/hcL7hq
P
Hi hi hi, évitons les perturbations !
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