Et maintenant ?
L’arbre avait toujours été là mais il les encombrait. Ils auraient voulu l’abattre, seulement qui aurait pu le faire ? Pas lui ; ni elle.
C’était surtout un témoin gênant : comment se donner l’illusion qu’ils avaient changé sous son regard ? Il fallait prendre une décision, mais comme à chaque fois qu’une décision était à prendre, ils ne la prenaient pas. S’il n’y avait pas eu l’enfant, ils auraient encore pu le supporter.
Oui, c’est l’enfant qui avait tout gâché. L’enfant avec ses rires et ses larmes ; surtout ses larmes qui surgissaient à tout moment sans que personne ne pût les tarir. Il les avait usés et un jour, il avait bien fallu choisir : lui ou eux.
L’arbre se souvenait du drame. Lorsque ses branches s’égouttaient, elles étaient encore chargées des pleurs de l’enfant et ils n’avaient qu’une hâte, que le soleil revînt au plus vite pour sécher ces reproches vivants. L’arbre les contemplait, muet, mais ils étaient persuadés que l’enfant aussi les observait, caché derrière les branchages.
L’arbre aurait pu être élagué, leurs voisins l’avaient bien fait, mais un élagage aurait-il suffi ? Non, il fallait le supprimer, comme ils avaient supprimé l’enfant. Seulement, un problème allait se poser : comment couper l’arbre si chaque coup de tronçonneuse ravivait les pleurs de l’enfant disparu ?